Mettre des limites au jeune enfant

Une chose qui n’est pas facile avec les tout-petits est leurs comportements indésirables.

Essayer de faire comprendre les consignes à notre enfant, qui semble ne pas vouloir nous écouter, peut devenir très frustrant. Nous pouvons facilement nous emporter, et cela rend alors difficile à suivre les principes bienveillants que nous voulons pour notre famille.

Lors des moments difficiles, il peut nous sembler épuisant de répondre avec bienveillance devant les comportements non désirés de nos enfants. Nous pouvons nous sentir envahis par le stress ou la frustration que l’on ressent – et nos conditionnements peuvent facilement refaire surface.

En se basant sur le livre de Janet Lansbury No Bad Kids, voici quelques principes à utiliser pour faire respecter les limites de façon respectueuse et bienveillante.

Comment mettre une limite à votre enfant

  1. Dire la limite à l’enfant

  2. Empêcher la répétition de l’action

  3. Reconnaître l’émotion ou le besoin

  4. Rester calme – imperturbable

1. Dire la limite à l’enfant

Dire simplement la limite : « Je ne peux pas te permettre de frapper. » « Je ne peux pas te laisser lancer la nourriture. »

Dire simplement signifie le strict nécessaire. Si nous disons trop de mots pour donner une leçon à l’enfant, nous risquons de créer un « événement » avec le comportement non désiré. Nous voulons éviter de mettre trop d’attention sur le comportement, sinon nous risquons d’alimenter le feu, ce qui peut encourager l’enfant à refaire l’action.

Nous devons utiliser le mot « non » le moins possible avec les tout-petits, sinon ils l’entendront toute la journée. Une surutilisation du mot « non » aura de moins en moins d’influence sur la réaction de l’enfant, comme si le mot aura perdu la valeur de sa définition. Nous pouvons utiliser des alternatives comme « je ne peux pas » ou dire à l’enfant ce qui est permis « tu peux mettre la nourriture que tu ne veux pas dans ce bol (plutôt que par terre) ».

2. Empêcher la répétition de l’action

Bloquer le mouvement de l’enfant avec notre propre corps (une main, un bras, le corps entier faisant office de barrière). Les mots ne sont souvent pas suffisants avec les tout-petits. Ils ont besoin de voir la limite que l’on impose.

Quand nous devons mettre une limite, que ce soit empêcher l’enfant de toucher un objet ou de frapper, nous devons nous interposer dans le mouvement de l’enfant. Nous devons être présents, aux côtés de l’enfant, et bloquer le mouvement non désiré. Sans cela, il pourrait lui être difficile de comprendre ce qu’on attend réellement de lui.

Si l’enfant frappe – bloquer sa main avec notre bras.

S’il veut quitter la salle de bain pour ne pas se brosser les dents – bloquer l’accès de la sortie avec votre corps et vos bras.

3. Reconnaître l’émotion ou le besoin

Reconnaître ce qui a poussé l’enfant à agir comme il a fait est une étape importante pour amener l’enfant à coopérer. Si l’enfant ne se sent pas écouté, compris, il aura beaucoup de difficulté à suivre nos demandes. Est-ce une réaction émotive? Ressent-il de la frustration ou de la colère? Ou un trop plein de joie et d’excitation? A-t-il un besoin de découvrir la loi de la gravité? A-t-il besoin d’explorer son environnement ?

Si l’action de l’enfant est une réaction devant une émotion intense, mettre les mots dessus pourra l’aider à comprendre son état émotionnel. Il pourra fondre en larmes de colère, de frustration ou de tristesse devant la limite imposée. C’est normal. À ce moment, nous devons l’accompagner calmement. Lui laisser l’espace pour s’exprimer, pour bouger son corps dans tous les sens s’il en a besoin. À ce moment, notre rôle est davantage de garder notre enfant et l’environnement en sécurité, cela dit peut-être à le déplacer sur un tapis par exemple. Nous devons permettre à notre enfant de libérer la tension émotionnelle qu’il peut vivre. C’est un aspect important dans l’acceptation de ce qu’il ne peut changer.

Si l’action de l’enfant est une réaction devant un besoin particulier – besoin de connexion, besoin de se sentir en sécurité, besoin de comprendre le monde, besoin de bouger, de lancer des choses, de faire rouler des choses, etc. – nous pouvons subvenir au besoin de l’enfant de manière à faire respecter ce que nous acceptons dans notre maison.

Par exemple, un enfant qui lance ses jouets partout peut avoir besoin de pratiquer le mouvement du « lancer ». À ce moment, après avoir dit la limite, nous pouvons amener l’enfant dehors et lui dire qu’il peut lancer des cailloux sur la pelouse ou dans l’eau.

4. Rester calme – imperturbable

Le tout-petit est très impulsif. Même si parfois ses comportements nous semblent être volontaires, il y a une raison dernière dont il n’a pas nécessairement conscience – cela devient alors une impulsivité. Il s’emporte par ses émotions, que ce soit de la joie ou de la colère. Il teste nos limites pour chercher à comprendre notre rôle.

Parfois, l’enfant peut ressentir le besoin de nous tester – faire ce qu’on vient d’interdire en nous regardant droit dans les yeux. Ce comportement peut nous sembler être de l’arrogance, mais pour le tout-petit, c’est très impulsif et c’est une manière développementale appropriée pour comprendre s’il est en sécurité avec nous. C’est une manière pour reclarifier nos attentes et les règles de la maison.

« On doit se tenir au-dessus de ce ‘problème’ et percevoir le comportement comme totalement sans menace. » – Janet Landsbury

Répondre avec colère devant un comportement non désiré lui donne trop d’attention, et cela peut inciter l’enfant à le refaire l’action (encore une fois, cela est impulsif et inconscient pour l’enfant).

Dire brusquement et sévèrement la limite, menacer ou punir l’enfant, sont des formes de contrôle autoritaire qui effraient l’enfant plus qu’ils ne l’aident à comprendre ce qu’on attend de lui. Cela effrite la relation et nous déconnecte l’un de l’autre.

L’enfant doit se sentir en sécurité dans la découverte et l’exploration du monde qui l’entoure, dans son impulsivité à nous tester et lorsque ses émotions l’envahissent de tout son être.

Rester calme et imperturbable permet de tendre la main à l’enfant lors de ces moments en le rassurant qu’on tient toujours à lui et que la relation est plus forte qu’un comportement impulsif (et même volontaire).

En tant que parents, nous allons probablement nous emporter de temps en temps. Nous sommes humains et nous allons parfois nous sentir envahis par nos propres émotions – surtout lorsque nous sommes fatigués, énervés ou stressés. C’est correct! Acceptons que parfois nous allions perdre patience et nous réagissons avec nos vieux conditionnements.

La chose la plus importante à faire lorsqu’on perd patience est de s’excuser auprès de nos enfants. Nos enfants doivent savoir qu’ils ont le droit d’être guidés avec respect et que nous avons réagi à cause de nos émotions, et non à cause d’eux. Nous devons leur montrer que nous les aimons de manière inconditionnelle. Ce qu’ils font, ce qu’ils disent, qui ils sont, ne changera jamais l’amour que l’on a pour eux.

Références

Landsbury, Janet. No Bad Kids – toddler discipline without shame, Éditions JLML Press, 2014, Indiana, 162 pages

Kohn, Alfie. Unconditional Parenting – moving from rewards and punishments to love and reason, 2006, Éditions Atria Paperback, États-Unis, 264 pages

Neufeld, Gordon et Gabor Maté. Hold On to Your Kids – why parents need to matter more than peers, 2013, Éditions Vintage Canada, États-Unis, 332 pages

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